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Le rapport Draghi offre un diagnostic sévère, mais réaliste, de la position de l’Union européenne (UE) par rapport aux Etats-Unis et à la Chine. L’une des raisons de la perte relative de compétitivité de l’UE au cours des dernières décennies est l’augmentation du coût de l’énergie pour les ménages et les firmes européennes, résultat de deux chocs énergétiques : la révolution du schiste en Amérique du Nord, qui a entraîné une forte baisse des prix de l’énergie aux Etats-Unis, et les retombées de la guerre en Ukraine, qui a provoqué une hausse des prix de l’énergie en Europe. Ces deux chocs ont gravement sapé la capacité de l’UE à rivaliser avec les autres blocs économiques.
A ces deux chocs s’ajoute un fossé grandissant entre les politiques climatique et énergétique de l’UE et celles des deux autres blocs. Si le pacte vert de l’UE, adopté en 2020, est ambitieux sur le front du climat, il contraste avec les politiques industrielles de la Chine et des Etats-Unis, qui ont cherché de manière proactive à renforcer leur compétitivité dans les secteurs à forte intensité énergétique.
La révolution américaine du schiste a eu des effets négatifs indirects sur la compétitivité de l’UE. En effet, la combinaison d’innovations en matière de fracturation hydraulique et de forage horizontal a permis une augmentation significative de la production de pétrole et de gaz naturel aux Etats-Unis après 2008, que devrait encore accentuer l’élection de Donald Trump. Cette révolution ne s’est pas propagée en Europe à cause de règles environnementales, des différences de densité de population et de droit de propriété du sous-sol.
La révolution américaine du gaz de schiste, parce qu’elle a fait baisser les prix intérieurs de l’énergie, a stimulé la réindustrialisation de l’économie américaine. Elle a suscité des investissements dans les entreprises énergivores et créé de bons emplois ; elle a aussi réduit considérablement le déficit de la balance courante des Etats-Unis en raison de la baisse des importations d’énergie. Cet avantage comparatif a atténué les conséquences de l’avantage comparatif de la Chine en matière de main-d’œuvre bon marché, mais a également détérioré la compétitivité relative de l’UE.
Le deuxième choc, à savoir les chocs énergétiques mondiaux provoqués par la guerre en Ukraine, a frappé l’UE de manière disproportionnée. Les sanctions et interdictions sur les importations de pétrole et de gaz russes ont entraîné une ruée des Européens vers des sources alternatives à la Russie afin de limiter la hausse des prix de l’énergie. Les coûts indirects ont également été considérables, notamment les subventions liées aux prix de l’énergie et la baisse des taxes sur les produits énergétiques, ce qui a creusé les déficits et augmenté les niveaux d’endettement. Les décisions de délocalisation d’entreprises énergivores en dehors de l’UE sont peut-être encore plus dommageables économiquement. En Allemagne, le coût global a ainsi été estimé à 3 % du PIB.
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